Le blog de KEYBIO, la maitrise du risque microbiologique

Cupriavidus profession prédateur – alchimiste

cupriavidus-metallidurans

Cupriavidus, (littéralement du latin Cuprum avidus, amoureuse du cuivre), bacilles appartenant à la famille des Burkholderiaceae (donc bacilles à Gram négatif) dont l’habitat principal est le sol, est un microorganisme peu commun.

Ce microorganisme est ce que l’on appelle un prédateur non obligatoire, car l’absence de proies ne l’empéche pas de se développer ou de survivre dans l’environnement. Une de ses proies favorites, les bactéries à Gram positif.

Résistant au cuivre (jusqu’à des concentrations de 800 µM), sa croissance peut même être stimulée par la présence de cuivre (d’où son nom).

Ce curieux  microorganisme produit un GIF (Growth Initiation Factor) thermolabile, lié à la présence de magnésium. Ce GIF une fois synthétisé, est sécrété par la bactérie dans son environnement ce qui stimule la croissance de ses proies (et d’autres bactéries à Gram positif) et par là même augmente le réservoir de proies disponibles. Le mécanisme qu’il utilise pour tuer ses proies est peu connu, mais il a été suggéré qu’un peptide, qu’il synthétise et utilise pour traquer le cuivre dans son environnement, pourrait lui servir également d’arme fatale, lâchant ainsi sur ses proies une quantité de cuivre, suffisante pour être toxique pour ses proies.

Les proies potentielles de Cupriavidus sont très variées (S.aureus, M.luteus, B.thuringiensis, B.subtilis, A.vinelandii, A.globiformis et même E.coli). Pourquoi ces microorganismes et pas d’autres? (Salmonella typhi, Nocardia salmonicolor,…par exemple), le mystère reste entier.

Malheureusement pour lui, Cupriavidus n’est pas le seul prédateur non obligatoire présent dans l’environnement. Lorsqu’il est en présence d’un de ses concurrents (Agromyces ramosus, Ensifer adhaerens, par exemple), de véritables phénomènes de guerres microscopiques se produisent. Le contrôle que semble exercer Cupriavidus sur la population de ses concurrents le place de fait en haut de la chaîne alimentaire.

Ce microorganisme possède une autre capacité trés particulière, il résiste aux métaux lourds (argent, cuivre, cadmium, plomb, cobalt, zinc, mercure, chrome, nickel..). Deux megaplasmides (pMOL28 and pMOL30) sont porteurs des gènes codants pour ces résistances. Son métabolisme est tel qu’il peut utiliser de nombreux substrats inhabituels comme source de carbone (acétone, butanol, propanol…). Cette capacité en fait un bon agent de dépollution et un bon agent de détection des pollutions dans l’environnement (son métabolisme ne s’exprimant qu’en présence des agents polluants). Cela lui permet, également, de jouer les apprentis alchimistes en produisant de l’or pur, mais hélas à partir d’or contaminé. Néanmoins cette capacité pourrait permettre aux chercheurs d’or du futur de détecter la présence d’or dans l’environnement.

 

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